Un chat européen stérilisé de 6 ans qui va dehors, est référé ce jour pour une anomalie de diamètre pupillaire droite apparue depuis 4 jours environ.
Une baisse de forme est notée depuis plus d’un mois, un bilan sanguin a révélé la présence d’une anémie arégénérative associée à une positivité au FeLV. Une échographie abdominale a mis en évidence une inflammation du pancréas. Aucun antécédent de traumatisme (AVP) ni affections cervicales n’est rapporté par ses propriétaires. Il présente une rhinite et une légère gêne respiratoire selon les propriétaires.
Examen clinique
L’examen clinique général a permis d’ausculter des râles inspiratoires importants. L’animal est normotherme pendant l’examen et ne présentait pas d’autre anomalie des grandes fonctions.
A l’examen oculaire, le chat présente une réponse positive à la menace et à l’éblouissement pour les deux yeux, sa vision est conservée. Les réflexes photomoteurs sont absents à droite et normaux à gauche. La pupille de l’œil droit est en myosis et ne se dilate pas à l’obscurité, tandis que la pupille de l’œil gauche réagit normalement. (photo 1)
Photo 1 : anisocorie avec myosis pupillaire droit
Une procidence de la troisième paupière droite et une légère énophtalmie droite sont notées. (photo 2)
Photo 2 : myosis de la pupille droite, énophtalmie et procidence de la membrane nictitante
L’examen rapproché en lampe à fente de l’œil gauche révèle la présence d’une cataracte sous capsulaire antérieure sans conséquences. (photo 3)
Photo 3 : Pupille mobile à gauche et cataracte sous capsulaire antérieure
L’examen ophtlamoscopique n’a révélé aucune anomalie. La pression intra-oculaire a été mesurée à 15 mm Hg à droite et 19mm Hg à gauche par tonométrie à rebond.
Diagnostic clinique
Le diagnostic clinique est donc une ophtalmoplégie interne (paralysie motrice du muscle dilatateur de la pupille droite). La dilatation pupillaire étant sous le contrôle du système nerveux sympathique je réalise les examens permettant de localiser cette atteinte.
Examens complémentaires
La distribution du système nerveux autonome étant cérébrale et thoracique, un scanner de l’encéphale et une radiographie thoracique sont proposés.
Un test à la néosynéphrine est réalisé dans un premiers temps pour localiser l’atteinte : j’applique une goutte de néosynéphrine à 10 % dans l’œil droit, la dilatation partielle de la pupille droite est obtenue 20 minutes après application de la goutte.
Je réalise la radiographie dans un second temps. Elle a permis de mettre en évidence la présence d’une masse de près de 3 centimètres dans le champ pulmonaire droit (photo 4 et 5). La présence de cette masse explique le myosis anisocorique droit par compression du tronc sympathique (syndrome de Claude Bernard-Horner à manifestations partielles). La cause de l’atteinte du système nerveux parasympathique restait inconnue (système nerveux à distribution uniquement encéphalique).
Le scanner ne permettant que de préciser la médiane de survie de ce chat il est refusé par les propriétaires.
Photo 4 Radiographie thoracique de profil. Noter la présence de la masse dans le champ pulmonaire dorsal.
Photo 5 Radiographie thoracique de face : masse latéralisée à droite.
Diagnostic étiologique
L’examen clinique, combiné aux résultats de la radiographie thoracique, ont permis d’établir le diagnostic de tumeur pulmonaire, très probablement liée à l’infection par le FeLV.
La présence de métastases explique aussi les signes respiratoires manifestés par cet animal.
Traitement-Pronostic
Un traitement palliatif à base d’anti-inflammatoires stéroïdiens à dose anti-inflammatoire a été instauré par voie orale.
Aucun traitement oculaire n’a été proposé le jour de la visite même si l’instillation de néosynéphrine pourrait améliorer son confort visuel nocturne.
Le pronostic est sombre à moyen terme, une médiane de survie de 3 à 6 mois est annoncée aux propriétaires.