Corps étranger conjonctival

Présentation

Les corps étrangers conjonctivaux sont fréquemment observés chez les carnivores domestiques, principalement chez ceux ayant un accès à l’extérieur mais les animaux d’intérieur sont également concernés
Ces corps étrangers sont en très grande majorité végétaux avec une nette prévalence des épillets de graminées au printemps et en été. On observe également de petites feuilles, des épines, des graines ou des morceaux de bois.
De manière plus anecdotique, on pourra observer des morceaux de plastique ou de métal.
Ils peuvent se loger au niveau de toutes les conjonctives, les mouvements des paupières les faisant souvent migrer dans les culs-de-sacs conjonctivaux et sur la face postérieure de la membrane nictitante. Les ostia et les canalicules lacrymaux sont également des sites fréquents.
Certains corps étrangers, en particulier les épillets, peuvent rester enchâssés et fixés dans la conjonctive de par leur conformation avec une pointe rigide ce qui les rend parfois difficile à extraire et limite leur élimination par les mouvements naturels des paupières.
L’expression clinique est variable en fonction de la nature du corps étranger et de la durée de persistance dans l’œil. On note initialement un blépharospasme souvent important avec un prurit oculaire accompagné d’une hyperhémie conjonctivale (principalement en périphérie du point d’impact mais potentiellement de toutes les conjonctives) et d’un épiphora séreux. Une plage hémorragique est parfois visible en cas de lacération avec atteinte vasculaire.
Lorsque le corps étranger persiste (sans être éliminé ni retiré), l’épiphora devient muco-purulent et l’hyperhémie conjonctivale s’accentue.
Les ulcères cornéens sont fréquents à la suite du frottement possible sur la cornée. Ils sont souvent superficiels et parfois très étendus sur la cornée mais dans certains cas ils peuvent être profonds et s’accompagner d’une kératomalacie.

Prédispositions raciales

Aucune.

Moyens diagnostics / examens complémentaires

Le corps étranger peut être visible directement à l’examen oculaire rapproché. Dans le cas contraire, il faudra réaliser une éversion des paupières et de la membrane nictitante et un examen approfondi et méticuleux des conjonctives et des culs-de-sacs conjonctivaux sous anesthésie locale ou générale en fonction de la coopération de l’animal.
Un test à la fluorescéine est nécessaire pour objectiver la présence d’un ulcère cornéen consécutif au corps étranger et préciser son étendue.
Dans le cas où le corps étranger serait dans les voies lacrymales, un dacryoscanner ou une dacryocystorhinographie peut être réalisé après cathétérisme des canaux lacrymaux et injection de produit de contraste iodé.

Traitement

Il consiste à extraire le corps étranger à l’aide d’une pince en veillant à ne pas causer de traumatisme supplémentaire et en s’assurant d’avoir retiré la totalité du corps étranger. Les épillets en particulier peuvent facilement se fragmenter d’une part et plusieurs épillets se trouvent parfois logés dans le même œil.
La procédure doit s’effectuer sous anesthésie locale ou générale.
Les soins de nettoyage oculaire biquotidiens sont nécessaires à l’élimination du maximum de matériel exogène et favorisent la cicatrisation.
Le traitement médical consiste en l’application locale d’un antibiotique à large spectre durant quelques jours. Les infections importantes peuvent justifier une administration d’antibiotiques en complément par voie générale.
Les ulcères cornéens sont traités selon leur profondeur avec un traitement médical associant un cycloplégique, un antibiotique et un cicatrisant cornéen et une chirurgie pourra être effectuée si l’ulcère atteint la mi-stroma.
Une dacryocystotomie peut s’avérer nécessaire si le corps étranger est dans les voies lacrymales et ne peut pas être retiré simplement à l’aide d’une pince.