Procidence de la membrane nictitante

Présentation

La procidence de la membrane nictitante correspond au déplacement de cette membrane vers l’angle supéro-latéral du globe oculaire, recouvrant ainsi l’œil à un degré divers selon l’importance de la procidence. Elle peut être unilatérale ou bilatérale, et peut entraîner une gêne visuelle lorsqu’elle dépasse dans l’aire pupillaire.
La membrane nictitante occupe sa position physiologique grâce au bon positionnement et à la bonne taille du globe oculaire dans l’orbite.
La procidence de la membrane nictitante est un signe clinique et non une pathologie en soi.
Il existe un grand nombre de causes responsables d’une procidence de la membrane nictitante, que l’on peut classer en 3 catégories :

  • Des causes orbitaires : le contenu de l’orbite (graisse rétro-bulbaire, muscles orbitaires, glande lacrymale zygomatique) influe sur le positionnement de la membrane nictitante.
    Ainsi toutes les causes d’énophtalmie (fonte de la graisse orbitaire, déshydratation, cachexie) et d’exophtalmie (abcès rétro-bulbaire, tumeur orbitaire, mucocèle zygomatique, myosite des muscles masticateurs…) sont susceptibles d’entraîner une procidence de la membrane nictitante.
  • Des causes oculaires : une diminution de la taille du globe, qu’elle soit congénitale (microphtalmie congénitale) ou acquise (phtisie suite à uvéite chronique) entraîne une procidence mécanique de la membrane nictitante. Une douleur oculaire consécutive à un ulcère cornéen, une uvéite ou toute autre pathologie douloureuse provoque une énophtalmie d’origine nerveuse.
  • Des causes neurologiques : le syndrome de Claude Bernard Horner (atteinte du système nerveux sympathique oculaire), le Tétanos, le syndrome de Haw (procidence bilatérale chez le chat dont le mécanisme exact est encore mal connu) ou les douleurs oculaires.

Prédispositions raciales

Le syndrome de Haw est décrit chez le chat uniquement.
Les chiens de race Labrador et Golden Retriever sont prédisposés au syndrome de Claude Bernard Horner.

Moyens diagnostics / examens complémentaires

Le diagnostic de la procidence de la membrane nictitante est clinique.
Le diagnostic étiologique nécessite un examen oculaire complet avec mesure de la pression intra-oculaire, réalisation d’un test à la fluorescéine, d’un test de Schirmer, évaluation d’une exophtalmie ou énophtalmie…
L’examen clinique général doit compléter l’examen oculaire et on notera en particulier l’état d’hydratation et le score corporel, la présence d’une douleur à l’ouverture de la gueule ou la présence de signes nerveux centraux.
Au besoin, la réalisation d’un bilan sanguin général, d’une échographie oculaire ou d’examens d’imagerie cérébrale et du crâne (scanner ou IRM) seront nécessaires.

Traitement

Il est étiologique et très varié en fonction de l’origine de la procidence.

  • La douleur oculaire doit être gérée par l’emploi de produits cycloplégiques locaux (atropine, tropicamide) potentiellement associés à des anti-inflammatoires par voie générale. Lors d’ulcère cornéen, le traitement spécifique s’impose avec une gestion médicale associée à une gestion chirurgicale si nécessaire (ulcère profond, kératomalacie s’aggravant malgré un traitement médical, malposition palpébrale ou malimplantation ciliaire).
  • Les abcès orbitaires doivent être drainés et traités par l’emploi d’antibiotiques. Des soins dentaires voire des extractions sont parfois nécessaires.
  • Le Tétanos se gère par injection de sérum antitétanique, emploi d’antibiotiques et de myorelaxants.
  • Lors de Syndrome de Claude Bernard Horner, la Néosynéphrine peut être utilisée quotidiennement afin de libérer le champ visuel pour le confort de l’animal jusqu’à résolution de la procidence de la membrane nictitante.
  • Il n’existe pas de traitement spécifique du syndrome de Haw qui se résout spontanément en quelques semaines.