Tumeurs de la glande et de la membrane nictitante

Présentation

Les tumeurs de la glande et de la membrane nictitante sont peu fréquentes chez les carnivores domestiques. Il peut s’agir de tumeurs primitives comme les carcinomes épidermoïdes du bord libre, l’adénocarcinome de la glande lacrymale, l’hémangiome et l’hémangiosarcome, ou bien de métastases de tumeurs à distance de l’œil comme les lymphomes par exemple.
L’expression clinique est variable en fonction du type de tumeur et de sa localisation au sein de la membrane nictitante.
Les carcinomes épidermoïdes atteignent les zones dépigmentées avec une localisation préférentielle au bord libre de la membrane nictitante et ont un aspect prolifératif.
Les hémangiomes et hémangiosarcomes se présentent fréquemment comme de petites masses bien circonscrites et vascularisées au niveau de la conjonctive.
Il est fortement suspecté que les UV jouent un rôle dans le développement des tumeurs d’origine vasculaire et des carcinomes épidermoïdes.
Les tumeurs de la glande lacrymale entraînent un épaississement et une induration à la base de la membrane nictitante qui peut provoquer une procidence et une gêne visuelle.
Les lymphomes peuvent atteindre toute partie de la glande et de la membrane nictitante avec un aspect non spécifique qui peut être granuleux et inflammatoire.
Toutes ces tumeurs sont susceptibles d’entraîner un épiphora séreux à muco-purulent, une hyperhémie conjonctivale et un blépharospasme.

Prédispositions raciales

Les chiens de race Golden Retriever, Labrador, Beagle et Cocker Américain semblent prédisposées aux tumeurs vasculaires.

Moyens diagnostics / examens complémentaires

Il est nécessaire de réaliser un bilan d’extension loco-régional avec à minima la palpation des nœuds lymphatiques de drainage et la prise de clichés radiographiques du thorax.
Les tumeurs atteignant la base de la membrane nictitante et celles dont les limites sont difficiles à établir nécessitent une exploration de la cavité orbitaire avec une échographie et/ou un scanner orbitaire.
Le diagnostic étiologique est obtenu idéalement par histologie en pratiquant des biopsies. Il peut s’agir d’une biopsie-exérèse pour les tumeurs de petite taille facilement accessibles.
La ponction à l’aiguille fine peut être intéressante pour la cytologie, en particulier lors de suspicion de lymphome.

Traitement

Il est avant tout chirurgical et consiste à pratiquer l’exérèse de la tumeur.
La technique dépend de la taille et de la localisation au sein de la membrane nictitante.
Les plus petites tumeurs ou celles proches du bord libre peuvent justifier une exérèse partielle de la membrane nictitante (plus ou moins complétée par une greffe de muqueuse labiale) alors que les plus grosses tumeurs et celles situées en profondeur nécessitent l’ablation complète de la membrane nictitante.
Dans le cas où la tumeur est très agressive et envahit l’espace rétro-bulbaire, l’exentération est la seule alternative chirurgicale envisageable.

Les tumeurs lymphomateuses sont traitées par chimiothérapie.
L’emploi de la radiothérapie pré-opératoire ou adjuvante après exérèse tumorale est à considérer dans certains cas de carcinomes en particulier lorsque les marges ne sont pas saines ou que la totalité de la tumeur n’a pas pu être réséquée.