Dystrophie cornéenne stromale héréditaire chez une Golden Retriever
Une chienne Golden Retriever championne de beauté de deux ans est envoyée à la clinique suite à l’apparition d’une opacité cornéenne blanchâtre unilatérale de l’œil gauche. Aucun traitement n’est en cours.
A l’examen rapproché on note un croissant opaque à densité microcristalline en regard du limbe cornéen supéro-temporal, un néovaisseau grêle est observé. L’examen des annexes, de la chambre antérieure et du fond d’œil est normal par le reste.
Il s’agît d’une dystrophie cornéenne stromale unilatérale. Devant l’impossibilité de présenter la chienne en concours, un traitement chirurgical est proposé : une kératectomie lamellaire sur 200µm est alors programmée. L’absence de caractère bilatéral de la lésion ainsi que la présence d’un néovaisseau rend potentiellement caduque l’hypothèse héréditaire, mais la jeunesse de la chienne ne permet pas de prévoir l’évolution de l’œil adelphe (l’apparition des dystrophies stromale dans cette race concernent systématiquement les chiens entre 18 mois et 4 ans). J’indique au propriétaire qu’il est fortement probable que la lésion récidive et qu’il est déconseillé de faire reproduire cet animal étant donné le caractère potentiellement héréditaire de cette pathologie.
Aspect de l’œil gauche à l’examen rapproché
Sous anesthésie générale on réalise une kératectomie complète à environ 200µm de profondeur, la cornée est incisée en quadrants, qui sont alors détachés du stroma à l’aide d’un couteau cliveur angled bevel up. Les quartiers sont successivement réséqués. En fin d’intervention, une prescription associant : collerette, Twelve®, Tévémyxine® et Atropine 0,5%® est prescrite pour 5 jours. L’animal sera revu ultérieurement.
Réalisation de la section cornéenne en quatre parties
Résection des deux premiers quadrants
Aspect post-opératoire immédiat
Les dystrophies cornéennes sont des lésions primaires, bilatérales de la cornée non accompagnées d’inflammation cornéenne ni autre pathologie générale intercurrente. La plupart ont un aspect gris-blanc ou argenté accompagnées d’opacités cristallines au centre de la lésion. La pathologie est très souvent symétrique entre les deux yeux. Elles peuvent toucher : l’épithélium, le stroma ou l’endothélium. Leur évolution faire varier leur taille ainsi que leur densité. Typiquement l’opacité sera circulaire ou ovale avec une bonne délimitation de la lésion. La lésion est le plus fréquemment stromale sans infiltration du stroma cornéen. A l’examen en lampe à fente, une myriade de petites particules fines sont souvent observées au sein de la cornée, le plus souvent sous l’épithélium. Des cristaux de cholestérol ainsi que des fissures sont également fréquemment observés. La dystrophie n’est jamais associée à la présence de néovaisseaux cornéens, néanmoins la chronicité de l’atteinte lié à l’accumulation de lipides peut, à terme, générer l’apparition d’une vascularisation cornéenne. Ce processus est appelé la dégénérescence cornéenne.
Pour exclure les cas d’infiltration cornéenne secondaires à une pathologie générale, (lipidose cornéenne par exemple) il convient de réaliser une biochimie sanguine incluant les dosages des triglycérides, lipoprotéines sériques, du calcium, du phosphore, de l’hormone thyroïdienne et surtout du cholestérol.
En général les dystrophies ne répondent jamais aux traitements médicaux topiques, ces traitements peuvent même exacerber les lésions. En cas d’élévation des valeurs sériques lipidiques, un régime alimentaire avec un faible apport de lipide peut être mis en place. Les lésions peuvent être excisées par kératectomie lamellaire si l’opacité s’accompagne de gêne visuelle. Cependant ces opacités ont tendance à rechuter après la chirurgie.