Ulcère épithélial chronique SCCED

Présentation

Il s’agit d’une érosion cornéenne affectant uniquement l’épithélium sans atteinte du stroma.
Elle se caractérise cliniquement par une douleur avec un blépharospasme parfois important, un épiphora séreux initialement pouvant devenir plus muqueux avec le temps et une néovascularisation superficielle inconstante (elle peut être présente ou non).
L’ulcère peut intéresser toute partie de la cornée avec une plus forte prévalence au centre et il peut être plus ou moins étendu : de 1mm à plus de la moitié de la surface cornéenne.
On devine souvent une zone légèrement trouble en surface, qui peut être difficile à percevoir sans test à la fluorescéine avec un rinçage correct. Le colorant souligne les bords apparents de l’ulcère et diffuse au-delà parfois à plusieurs mm. Cet aspect caractéristique donne le nom d’ulcère à bords décollés mais l’affection est également appelée dystrophie cornéenne épithéliale, ulcère du Boxer, érosion épithéliale chronique, ulcère atone…
La lésion se caractérise par la présence d’une membrane hyaline sous épithéliale empêchant l’adhésion de l’épithélium au stroma antérieur.
L’ulcère peut être d’apparition spontanée particulièrement chez les animaux de races prédisposées entre 4 et 6 ans. La recherche d’une cause déclenchante comme un entropion, une malimplantation ciliaire ou un corps étranger est à entreprendre même si l’affection est en grande majorité spontanée.

Prédispositions raciales

Les chiens de race brachycéphale comme les Bouledogues Français, Boxer, Shih Tzu, Pékinois…sont prédisposés mais des animaux de toute race peuvent être atteints.
Chez le chat, les Persans et Burmese sont les races prédisposées.

Moyens diagnostic / examens complémentaires

Les résultats du test à la fluorescéine sont caractéristiques et suffisent à établir le diagnostic.
La réalisation d’un test de Schirmer permet d’explorer une sécheresse lacrymale éventuellement associée.

Traitement

La gestion de ce type d’ulcère est médicale et chirurgicale.
La douleur est gérée par l’emploi de mydriatiques cycloplégiques parfois associés à des AINS par voie locale ou générale. Une couverture antibiotique est mise en place jusqu’à cicatrisation et l’emploi d’acide hyaluronique en topique est recommandé au long cours. En plus de favoriser la cicatrisation épithéliale, il assure une hydratation de la cornée qui limite les récidives.
La résolution de l’ulcère après traitement médical seul est très aléatoire et des gestes chirurgicaux sont associés pour favoriser la cicatrisation.
Ils consistent en une désépithélialisation au coton-tige ou à la fraise boule diamantée de l’épithélium non adhérent associée à une kératotomie grillagée ou ponctuée de la zone pour favoriser l’adhérence de l’épithélium néoformé.
L’application d’une lentille de collagène est possible en post-opératoire.
Ces gestes chirurgicaux peuvent être répétés en cas de cicatrisation incomplète.
Les récidives sont parfois fréquentes chez certains chiens de race brachycéphale en particulier.