Kérato-conjonctivite sèche (KCS)

Cheyenne KCS pose implant ciclosporine OG 201005

Présentation

La kérato-conjonctivite sèche (KCS) est une affection oculaire résultant d’une insuffisance lacrymale quantitative de la phase aqueuse du film lacrymal.
Elle est majoritairement d’origine dysimmunitaire et bilatérale. D’autres étiologies existent comme une agénésie uni ou bilatérale de la glande lacrymale, une toxicité médicamenteuse (traitement aux Sulfamides, à la Salazopyrine ou avec certains anticonvulsivants), une adénite ou une lésion traumatique de la glande lacrymale, une atteinte de l’innervation lacrymale ou encore suite à une exérèse chirurgicale de la glande lacrymale accessoire.
Un épiphora muqueux à muco-purulent et un blépharospasme d’intensité variable sont les signes cardinaux de l’affection qui motivent la consultation pour « œil sale et douloureux ».
Une conjonctivite avec hyperhémie conjonctivale et parfois un léger chémosis est observée initialement puis s’installe rapidement une kératite avec néovascularisation cornéenne superficielle, aspect dépoli de la cornée et pigmentation mélanique dans les stades évolués.
La baisse de sécrétion lacrymale prédispose aux infections bactériennes et des ulcères cornéens sont souvent associés et compliquent la KCS. Ils peuvent être superficiels ou profonds, généralement au centre de la cornée et d’évolution rapide lorsqu’une kératomalacie est présente.

Prédispositions raciales

La KCS est beaucoup plus fréquente chez le chien que chez le chat et sa prévalence est importante au sein de la population canine globale.
Les chiens de petite race et les chiens de race brachycéphale comme les Bouledogues, les Pékinois, les Carlins, les Cockers, les Yorkshire Terriers, les Westies…sont prédisposés aux KCS dysimmunitaires.
L’agénésie congénitale de la glande lacrymale est décrite chez le cavalier King Charles, le Jack Russel Terrier ou le Yorkshire Terrier.

Moyens diagnostics / examens complémentaires

La réalisation d’un test de Schirmer permet d’établir le diagnostic de KCS et offre une donnée chiffrée qui permettra le suivi du traitement. Le diagnostic est établi pour des valeurs inférieures à 15mm/minute chez le chien et 10mm/minute chez le chat.
Le test de Schirmer est complété d’un test à la fluorescéine afin de vérifier la présence d’un ulcère cornéen.
En présence de signes cliniques d’atteinte nerveuse, des examens complémentaires comme l’imagerie cérébrale (scanner, IRM) ou la ponction de liquide céphalo-rachidien sont indiqués.

Traitement

Le principe du traitement de la KCS quelle que soit son étiologie repose principalement sur une hydratation correcte de la cornée.
L’œil doit être nettoyé autant que nécessaire et des lacrymomimétiques en gel et/ou en collyre sont prescrits plusieurs fois/jour. Les gels de carbomère et l’acide hyaluronique sont les plus utilisés.
Lors de KCS dysimmunitaire, l’emploi de Cyclosporine A en topique donne de très bons résultats sur la stimulation de la sécrétion lacrymale, d’autant plus si celle-ci n’est pas effondrée lors de la mise sous traitement. Le Tacrolimus est également régulièrement employé dans la même indication.
Des antibiotiques topiques sont prescrits lors de surinfection bactérienne ou en présence d’un ulcère cornéen.
Des anti-inflammatoires peuvent être utilisés localement en cas d’inflammation cornéo-conjonctivale et de pigmentation mélanique de la cornée.
Les ulcères cornéens profonds doivent être gérés chirurgicalement.
En cas d’absence de réponse au traitement médical ou d’impossibilité pour le propriétaire de traiter son animal, la transposition du canal de Sténon est une alternative chirurgicale à envisager. Elle consiste à dévier la salive pour qu’elle irrigue l’œil mais des complications sont décrites comme une minéralisation de la cornée et un épiphora parfois abondant en particulier au moment des repas.