Kératite pigmentaire
Présentation
La kératite pigmentaire correspond à l’apparition de plages de coloration brun foncé à noire sur la cornée, le plus souvent dans le quadrant inféro-médial.
Dans les cas avancés, une proportion importante de la cornée peut être atteinte entraînant une baisse de vision voire une cécité parfois.
La pigmentation correspond au dépôt de mélanine dans le stroma antérieur et l’épithélium cornéen à la suite d’une inflammation chronique. Les néovaisseaux cornéens charrient avec eux les pigments qui se déposent le long de leur trajet. L’origine de cette inflammation est variée : malformation palpébrale (entropion, ectropion), malimplantation ciliaire (distichiasis), trichiasis en particulier lié au pli nasal, élargissement anormal de la fente palpébrale, baisse de sécrétion lacrymale.
Prédispositions raciales
Les chiens de race brachycéphale comme les carlins, les pékinois, les bouledogues Français et Anglais ou les boston terriers sont particulièrement prédisposés
Moyens diagnostic / examens complémentaires
Le diagnostic repose essentiellement sur l’examen clinique oculaire qui met en évidence une plage de pigmentation mélanique plus ou moins étendue.
La réalisation d’un test à la fluorescéine permet de mettre en évidence un ulcère cornéen concomitant et le test de Schirmer permet de détecter une diminution de sécrétion lacrymale qui peuvent fréquemment accompagner la kératite pigmentaire dans les races prédisposées.
Traitement
La gestion de la pigmentation est à la fois médicale et chirurgicale.
Les ulcères cornéens et la baisse de sécrétion lacrymale doivent être gérés en parallèle.
Les pigments mélaniques déposés le stroma cornéen y restent fixés de manière définitive et il est beaucoup plus difficile de les faire régresser que de prévenir leur dépôt.
L’inflammation cornéenne chronique étant à l’origine des dépôts pigmentaires, l’emploi d’anti-inflammatoires par voie locale s’avère nécessaire, en particulier les corticoïdes en l’absence d’ulcère cornéen, jusqu’à disparition de la néovascularisation cornéenne. L’emploi de Cyclosporine A est également intéressant puisqu’il a été prouvé une efficacité modérée sur la réduction de la pigmentation mélanique avec un usage au long cours. De plus, son action positive sur la sécrétion lacrymale rend son usage intéressant dans les races prédisposées aux KCS.
La chirurgie doit être considérée pour les cas où une malformation palpébrale est à l’origine du problème : correction d’entropion, canthoplastie médiale ou latérale, exérèse de pli nasal.
Lorsque la chirurgie n’est pas envisageable, l’emploi de lubrifiants cornéens est nécessaire pour protéger la cornée des irritations chroniques.
Enfin, la chirurgie d’exérèse des plages cornéennes pigmentées est réalisable mais donne des résultats aléatoires voire décevants à moyen et long terme. En effet, il est fréquent qu’une néovascularisation se développe après une kératectomie superficielle et que les pigments se redéposent rapidement.
La cryothérapie ciblée sur les plages de pigmentation mélanique donne de bons résultats lorsque l’affection causale est traitée en parallèle et cette technique peut être répétée dans le temps.