Le Glaucome

Chez le chien et le chat, le glaucome est une maladie oculaire liée à une hypertension oculaire, qui aboutit à une dégénérescence du nerf optique et de la rétine, évoluant vers une perte de vision irréversible.

1. Circulation de l’humeur aqueuse :

L’humeur aqueuse est le liquide remplissant la partie antérieure de l’œil. Elle est sécrétée par les corps ciliaires, circule ensuite entre le cristallin et la face postérieure de l’iris avant de rejoindre les voies d’élimination dont la principale est représentée par l’angle irido-cornéen.

2. Qu’est-ce que le glaucome chez le chien ?

Alors que chez l’homme, les élévations de la pression intra-oculaire demeurent très lentes et généralement modérées, le glaucome chez le chien est souvent aigu résultant d’une élévation rapide et brutale de la pression intra-oculaire. La perte de la vision peut être définitive au-delà de 48 heures sans traitement.

Un diagnostic et une gestion thérapeutique très précoces sont requis pour préserver la fonction visuelle. Il s’agit d’une urgence absolue.

3. Les causes du glaucome chez le chien

Chez le chien, les glaucomes peuvent être congénitaux, primaires ou secondaires.

Les glaucomes congénitaux sont rares et sont la conséquence d’anomalies du développement de l’œil présentes dès la naissance.

Les glaucomes primaires sont héréditaires. L’affection résulte d’un défaut de conformation de l’angle irido-cornéen. Les animaux expriment la maladie entre 5 et 12 ans de façon brutale. Il s’agit de glaucomes dits « à angle fermé ». La perte de vision peut être définitive en quelques jours. Dans ces cas, le glaucome est toujours bilatéral, mais les deux yeux sont rarement affectés au même moment. Chez le chat, ce type de glaucome est exceptionnel.

Les glaucomes secondaires résultent d’une maladie intra-oculaire déjà présente comme la cataracte, la luxation du cristallin, les uvéites, les tumeurs intraoculaires ou toute pathologie conduisant à l’obstruction de l’angle irido-cornéen.

4. Quels sont les signes d’appel du glaucome chez le chien ?

Le glaucome est souvent une affection très douloureuse pour le chien. Il va engendrer un blépharospasme, un larmoiement, une rougeur oculaire intense ainsi qu’un œdème de cornée. Les animaux pourront présentent des signes d’atteinte de l’état général. L’intensité des signes d’appel est proportionnelle à l’importance de l’hypertension oculaire ceci pouvant rendre les stades débutants imperceptibles.

5. L’examen ophtalmique

Le premier objectif de l’examen est de déterminer le potentiel visuel de l’œil atteint.

La mesure de la pression intra-oculaire par tonométrie est indispensable pour confirmer l’affection et déterminer l’intensité de celle-ci. Les mesures physiologiques chez le chien sont généralement comprises entre 7 et 24 mm Hg.

Il est très important d’examiner l’œil opposé, un examen gonioscopique de l’angle iridocornéen doit être réalisé afin de déterminer s’il est susceptible de développer un glaucome.

6. Quels sont les traitements ?

Les objectifs du traitement sont de préserver ou de rétablir la fonction visuelle en « normalisant » la pression intra-oculaire, ainsi que de soulager l’animal de la douleur qu’il ressent.

Le choix des molécules et des protocoles dépend de la cause et du stade du glaucome (notamment si la fonction visuelle est récupérable ou définitivement abolie). Il est important d’expliquer aux propriétaires de chiens atteints de glaucome primaire que l’affection n’est pas curable, et que des rechutes seront possibles.

Les glaucomes secondaires peuvent parfois être traités, voire guéris et la vision préservée si la cause sous-jacente est identifiée rapidement et peut être correctement traitée comme dans le cas de la luxation du cristallin.

En pratique on pourra traiter en urgence le glaucome à l’aide d’injection intraveineuse d’acétazolamide (Diamox^ND), la perfusion de solutés hypertoniques comme le Mannitol ou par la réalisation d’une paracentèse de la chambre antérieure pour diminuer rapidement la pression intraoculaire.

Des formes topiques associant un inhibiteur de l’anhydrase carbonique comme le dorzolamide en association avec un béta-bloquant tel que le Timolol sont à disposition du praticien. On pourra également employer des analogues de la prostaglandine comme le latanaprost sous forme topique lors du traitement du glaucome primaire uniquement ou préventivement lors d’anomalie majeure de l’angle irido-cornéen.

Lorsque la fonction visuelle est préservée ou récupérable et que la cause du glaucome est primaire, le choix s’oriente vers l’implantation d’un gonio-implant permettant d’éliminer l’excès de pression de la chambre antérieure ou un traitement de cycloaffaiblissement au laser diode afin de diminuer la production d’humeur aqueuse par les corps ciliaires.

Lorsque la fonction visuelle est abolie de manière irréversible, et que la pression intra-oculaire n’est pas bien contrôlée par le traitement médical, le praticien pourra proposer :

• Une cyclodestruction chimique en réalisant une injection intra-vitréenne de gentamicine qui vise à détruire les corps ciliaires et ainsi diminuer la production d’humeur aqueuse.
• L’implantation intra-oculaire d’une prothèse en silicone
• L’énucléation.

Conclusion

Bien que de nombreux cas de glaucomes puissent être gérés de façon efficace pour une période donnée, le pronostic visuel à long terme est bien souvent très réservé.